(N'oubliez pas de commencer par les derniers posts sur la page de blog, ce sont les premiers parus dans l'ordre chronologique !)
Dans la première moitié du roman, une fois immergé dans la description de l'État-monde, le lecteur découvre comment les hommes sont conditionnés, dès leur plus jeune âge, à peine bébés. On leur apprend à détester la nature et la littérature, simplement parce qu'il s'agit d'occupations qui ne nécessitent pas beaucoup de dépenses. Or, la survie de l'État-monde nécessite une dépense perpétuelle de la part des habitants afin de faire vivre l'économie :
" Les rampeurs les plus alertes étaient déjà arrivés à leur but. De petites mains se tendirent, incertaines, touchèrent, saisirent, effeuillant les roses transfigurées, chiffonnant les pages illuminées des livres. Le Directeur attendit qu'ils fussent tous joyeusement occupés puis :
- Observez bien, dit-il.
Et, levant la main, il donna le signal. L'Infirmière-Chef, qui se tenait à côté d'un tableau de commandes électriques à l'autre bout de la pièce, abaissa un petit levier. Il y eut une explosion violente. Perçante, toujours plus perçante, une sirène siffla. Des sonneries d'alarme retentirent, affolantes. Les enfants sursautèrent, hurlèrent ; leur visage état distordu de terreur.
- Et maintenant, cria le Directeur (car le bruit était assourdissant), maintenant, nous passons à l'opération qui a pour but de faire pénétrer la leçon bien à fond, au moyen d'une légère secousse électrique. "
Dans la première moitié du roman, une fois immergé dans la description de l'État-monde, le lecteur découvre comment les hommes sont conditionnés, dès leur plus jeune âge, à peine bébés. On leur apprend à détester la nature et la littérature, simplement parce qu'il s'agit d'occupations qui ne nécessitent pas beaucoup de dépenses. Or, la survie de l'État-monde nécessite une dépense perpétuelle de la part des habitants afin de faire vivre l'économie :
" Les rampeurs les plus alertes étaient déjà arrivés à leur but. De petites mains se tendirent, incertaines, touchèrent, saisirent, effeuillant les roses transfigurées, chiffonnant les pages illuminées des livres. Le Directeur attendit qu'ils fussent tous joyeusement occupés puis :
- Observez bien, dit-il.
Et, levant la main, il donna le signal. L'Infirmière-Chef, qui se tenait à côté d'un tableau de commandes électriques à l'autre bout de la pièce, abaissa un petit levier. Il y eut une explosion violente. Perçante, toujours plus perçante, une sirène siffla. Des sonneries d'alarme retentirent, affolantes. Les enfants sursautèrent, hurlèrent ; leur visage état distordu de terreur.
- Et maintenant, cria le Directeur (car le bruit était assourdissant), maintenant, nous passons à l'opération qui a pour but de faire pénétrer la leçon bien à fond, au moyen d'une légère secousse électrique. "
Nous croyons en un Dieu, eux en Ford. Le fordisme battait son plein en ces débuts du 20e siècle. L'auteur a donc jugé cela sensé que de le faire passer pour un Dieu. Cela traduit joliment un des bouleversements dans la tête des gens au début du 20e siècle, à savoir la croyance grandissante en la science, à la défaveur de la foi religieuse. Ainsi, Ford apparaît partout. Les gens ne jurent que par lui. L'expression "Mon Dieu !" devient "Mon Ford !".
" Big Henry [L'horloge] sonna l'heure juste. "Ford", tonitrua une formidable voix de basse sortant de toutes les trompettes d'or : "Ford, Ford, Ford ..." Neuf fois. Bernard courut à l'ascenseur. "
" Big Henry [L'horloge] sonna l'heure juste. "Ford", tonitrua une formidable voix de basse sortant de toutes les trompettes d'or : "Ford, Ford, Ford ..." Neuf fois. Bernard courut à l'ascenseur. "
" L'une des fonctions principales d'un ami consiste à subir (sous une forme plus douce, et symbolique) les châtiments que nous désirerions, sans le pouvoir, infliger à nos ennemis. "
Cette citation s'abstiendrait de commentaires mais précisons simplement qu'elle a pour but d'expliquer la colère que déverse Bernard sur le Sauvage au lieu de l'adresser à ses supérieurs hiérarchiques.
Un magnifique extrait sur la véritable source du bonheur :
" Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu'on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Et le fait d'être satisfait n'a rien du charme magique d'une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d'un combat contre la tentation, ou d'une défaite fatale sous les coups de la passion et du doute. Le bonheur n'est jamais grandiose. "
Cette citation est magnifique et s'accole si bien à toute la morale dégagée par le roman.
Plus loin, l'on lit :
" - Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.
- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.
- Et bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux. "
Magnifique ...
" Le bonheur effectif paraît toujours assez sordide en comparaison des larges compensations qu'on trouve à la misère. Et il va de soi que la stabilité, en tant que spectacle, n'arrive pas à la cheville de l'instabilité. Et le fait d'être satisfait n'a rien du charme magique d'une bonne lutte contre le malheur, rien du pittoresque d'un combat contre la tentation, ou d'une défaite fatale sous les coups de la passion et du doute. Le bonheur n'est jamais grandiose. "
Cette citation est magnifique et s'accole si bien à toute la morale dégagée par le roman.
Plus loin, l'on lit :
" - Mais je n'en veux pas, du confort. Je veux Dieu, je veux de la poésie, je veux du danger véritable, je veux de la liberté, je veux de la bonté. Je veux du péché.
- En somme, dit Mustapha Menier, vous réclamez le droit d'être malheureux.
- Et bien, soit, dit le Sauvage d'un ton de défi, je réclame le droit d'être malheureux. "
Magnifique ...
" Le christianisme sans larmes, voilà ce qu'est le soma. "
Tout le monde peut être vertueux et porter sur soi la moitié de sa moralité. La religion fut l'opium du peuple. Dans l'État-monde décrit par Huxley, c'est le soma qui est l'outil permettant d'imposer un contrôle total sur le peuple, à la seule différence de son ancêtre le christianisme qui a fait couler les larmes et émerger la souffrance. La comparaison est parlante et plutôt osée.
Tout le monde peut être vertueux et porter sur soi la moitié de sa moralité. La religion fut l'opium du peuple. Dans l'État-monde décrit par Huxley, c'est le soma qui est l'outil permettant d'imposer un contrôle total sur le peuple, à la seule différence de son ancêtre le christianisme qui a fait couler les larmes et émerger la souffrance. La comparaison est parlante et plutôt osée.