Servons-nous de cette lecture pour créer une leçon sur le journal intime ou plus globalement sur l'autobiographie. La lecture de Sobibor serait un prérequis pour ces élèves de quatrième année.
Récits de vie |
Servons-nous de cette lecture pour créer une leçon sur le journal intime ou plus globalement sur l'autobiographie. La lecture de Sobibor serait un prérequis pour ces élèves de quatrième année.
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Les écrits du grand-père d'Emma, qui a usurpé l'identité de Paul Lachenal mais qui n'est autre que Jacques Desroches, décrit les horreurs des camps d'extermination. On pourrait se poser la question de savoir si les S.S. avaient conscience de ce qu'ils faisaient réellement, mais on pourrait aussi, simplement, se rappeler les innombrables victimes de cette hécatombe. L'être humain est capable des pires atrocités. Replongeons-nous quelques instants dans l'horreur nazie. Aujourd'hui, Sobibor possède encore les cicatrices de son passé. En une année, 250.000 juifs furent assassinés, dans le cadre de l'opération Reinhard. Franz Stangl en est le commandant, L'obersturmführer. « J'y suis allé en voiture, quand on arrive, on trouve la gare ; [...] quelle odeur elle domine partout ; Wirth n'était pas dans son bureau ; on m'a conduit à lui ; il se tenait debout sur la colline au voisinage des fosses, pleines elles étaient pleines ; des centaines, des milliers de cadavres ; [...] Wirth me dit que c'était pour la même chose qu'on construisait Sobibor. » — Franz Stangl. Gitta Sereny, Into the darkness, Londres, 1974, pp. 109 et suiv. (trad. française : Au fond des ténèbres, Denoel, 1974) Molla s'est inspiré de la réalité, de l'histoire, des écrits personnels des S.S. sur place, des procès. Il a rédigé une histoire à moitié fictionnelle mais vraisemblable. Il nous fait revivre les horreurs de la guerre et redécouvrir l'énorme bêtise humaine. Les dires de Jacques Desroches s'inspirent d'une réalité morbide : « Déjà au cours de l'été 1942, la mécanique de l'extermination avait dû être modifiée pour une autre raison : avec la chaleur, les fosses remplies de cadavres gonflèrent, la décomposition des cadavres attirait les insectes et répandait dans toute la région une odeur pestilentielle ; la direction du camp craignait une contamination de l'eau potable. On amena au camp une excavatrice lourde munie d'une grosse tête de ramassage ; on retira des fosses les cadavres déjà décomposés, qu'on brûlait ensuite sur de grands grils dans une autre fosse vide. Le gril était composé de vieux rails de chemin de fer posés sur un socle en béton. Tous les cadavres furent brûlés, même de nuit ; la lueur des flammes se voyait de partout, et l'odeur de chair humaine brûlée se répandait très loin à la ronde. » Le jugement du tribunal de Hagen Plan du camp d'après Erich Bauer Le journal intime de Jacques renferme des écrits qui interpellent de par la vivacité de l'écriture de Molla. Les multiples descriptions du camp de Sobibor sont tellement éloquentes qu'elles éveillent dans l'esprit du lecteur les images de la scène, d'une atrocité sans nom. On s'imagine ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants courant vers la mort, épuisés, maltraités, considérés comme des moins que rien. Jean Molla a réussi un difficile travail d'écriture car faire prendre conscience au lecteur de l'atrocité des lieux en ne présentant qu'un journal intime fictif dans un roman a priori banal, ce n'était pas chose aisée !
Quatrième de couverture : Dix-sept ans, un bel âge ? Pour Emma, c'est tout le contraire : en quelques mois, elle perd sa grand-mère, quitte son amoureux, vole au supermarché. Elle maigrit beaucoup. Volontairement. Pourquoi ? Elle-même ne le sait pas vraiment. Tout bascule le jour où elle découvre un vieux journal intime dont la lecture l'entraîne dans une douloureuse enquête sur le rôle de ses grands-parents pendant la Seconde Guerre mondiale ... Emma souffre d'anorexie. Ses parents ne la comprennent pas. Elle cherche à paraître parfaite mais alterne entre une extrême et l'autre. Ses amis se font distants d'elle. La seule personne avec laquelle elle entretient encore un semblant de complicité est sa grand-mère, Mamouchka, qui trouvera bientôt la mort, de vieillesse. Elle découvre alors alors, en rangeant les affaires de Mamouchka, un carnet. Il s'agit du carnet de Jacques Desroches, un S.S. d'origine française qui travaille dans un camp d'extermination : le camp de Sobibor, en Pologne. Dans celui-ci, elle y découvre l'horreur du génocide juif mais aussi l'amour inconditionnel qu'il voue à une polonaise : Anna. Il se trouve qu'Anna n'est autre que sa grand-mère et le titulaire de ce carnet son grand-père qui a alors fui la mort en changeant de nom. Anna, parallèlement à cette étonnante découverte de secrets enfouis, rencontrera de nombreux problèmes de santé suite à son anorexie, qu'elle justifie comme étant l'angoisse de détenir une vérité aussi pesante.
Jean Molla nous présente l'histoire d'une jeune fille sans repères qui se rendra malade de revivre la souffrance d'êtres humains dont elle ignore comment il était possible de les abandonner à leur sort de la sorte. Au-delà de ces découvertes, l'auteur pose le postulat qu'en chaque homme réside une part de cruauté. L'homme ne s'est jamais senti aussi bien que lorsqu'il a compris qu'il était possible d'imposer sa supériorité sur d'autres hommes. L'autorité et le regard des collègues a, certes, favorisé la docilité et la soumission des S.S., les a aidés à se regarder dans une vitre chaque matin. Les Juifs n'étaient plus considérés en tant que tel, en tant qu'homme. On les considérait comme du vulgaire bétail, et c'est bien là le problème. Il existe plusieurs parallèles entre l'anorexie d'Emma et les conditions des camps d'extermination :
Note personnelle : 4,5 / 5 |